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Lorsque nous cherchons à atteindre notre meilleur niveau et à réussir, il nous arrive parfois d’être paralysés par la peur du jugement des autres. Nous nous rappelons ces moments d’extrême anxiété, comme avant de prendre la parole en public, de lever la main dans une réunion importante ou de traverser une salle pleine d’inconnus. Nous nous sentons rapetissés, effrayés et tendus, par crainte d’être mal vus. Cette peur du regard d’autrui, que j’appelle FOPO (pour « Fear Of People’s Opinion »), prend dans le monde actuel la dimension d’une obsession irrationnelle et improductive dont les effets négatifs se manifestent bien au-delà de nos performances.
L’impact de la peur du jugement
Lorsque nous négligeons ce qui fait notre personnalité – nos talents, nos convictions et nos valeurs – pour nous conformer à ce que les autres pensent ou ne pensent pas, nous sabotons notre potentiel. Nous jouons la sécurité par peur de la critique, nous avons peur du ridicule ou du rejet, et nous nous retirons face à la contestation. Nous n’osons pas lever la main lorsque nous n’avons pas le contrôle de la situation, et nous ne demandons pas cette promotion parce que nous ne nous estimons pas qualifiés.
Entraîner son cerveau
Malheureusement, la FOPO est constitutive de notre condition humaine en raison de notre cerveau archaïque. Notre besoin d’approbation sociale a rendu nos ancêtres prudents et avisés, car il y a des milliers d’années, celui qui revenait bredouille de la chasse voyait son statut dans la tribu menacé. Afin de ne pas être manipulés par cette peur, il est nécessaire d’entraîner et de conditionner notre cerveau.
Si nous sommes en proie à la FOPO, il existe des façons de diminuer l’intensité de nos réactions au stress. Une fois que nous en prenons conscience, nous devons ramener nos pensées à des propos qui renforcent notre confiance en nous. Par exemple, nous pouvons nous dire que nous sommes de bons orateurs, que nous nous sommes bien préparés, que nous pouvons nous reposer sur nos aptitudes, que nous avons plein de choses formidables à dire et que nous sommes parfaitement prêts pour cette promotion. Ces affirmations nous aident à nous concentrer sur nos compétences et aptitudes au lieu d’être obnubilés par le jugement d’autrui. Respirer profondément indique également à notre cerveau que nous ne sommes pas face à un danger immédiat.
Cultiver la conscience de soi
Cependant, pour vraiment se libérer de la FOPO, il est nécessaire de cultiver la conscience de soi. Nous avançons souvent dans la vie avec une vague idée de notre identité, ce qui suffit dans de nombreuses circonstances. Mais si nous voulons être à notre meilleur niveau et moins sensibles au regard d’autrui, il est nécessaire de renforcer et d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes. Nous pouvons commencer par élaborer une devise personnelle, un mot ou une phrase qui exprime nos convictions et nos valeurs fondamentales. Par exemple, nous pouvons choisir une devise telle que « Se battre, toujours », qui signifie travailler dur chaque jour pour s’améliorer et atteindre notre plein potentiel. Cette règle doit être plus qu’un simple slogan, elle doit être une boussole qui guide nos actes, nos réflexions et nos décisions dans tous les domaines de notre existence. Pour définir notre devise personnelle, nous devons nous poser les questions suivantes :
- Quelles croyances sous-tendent nos pensées et nos actes lorsque nous sommes à notre meilleur niveau ?
- Quelles personnes affichent des traits et des qualités en phase avec les nôtres ?
- Quelles sont ces qualités ?
- Quelles sont nos citations et nos mots préférés ?
Une fois que nous avons répondu à ces questions, nous devons entourer les mots qui nous parlent et rayer les autres. Ensuite, nous devons formuler une phrase qui exprime exactement qui nous sommes et comment nous voulons vivre notre vie. Il peut être utile de montrer notre brouillon à notre partenaire et de demander son avis afin de l’affiner. Ensuite, nous devons mémoriser notre devise et y revenir tous les jours.
Partager sa devise personnelle
Concevoir une devise personnelle est un excellent exercice de lucidité. Lorsque je coache des équipes de dirigeants, je leur demande souvent de mettre leur règle de vie par écrit et de la lire au groupe. Cela crée une forte impression et permet à chacun de se connecter à sa propre identité. Je me souviens d’un cadre dirigeant qui, les larmes aux yeux, s’est redressé, a relevé la tête et a déclaré : « Ma devise, c’est marcher la tête haute ». Il a expliqué à ses collègues que ses parents immigrés s’étaient sacrifiés pour lui garantir un avenir meilleur. Il estimait donc de son devoir de vivre comme s’il portait les armoiries de sa famille. Chaque jour, il s’efforçait d’être à la hauteur de leurs bienfaits et d’être un exemple pour la génération suivante.
Je ne soulignerai jamais assez l’importance d’avoir une devise personnelle. En travaillant avec des joueurs et des coachs de la NFL, des athlètes de sports extrêmes et des dirigeants du Fortune 500, j’ai remarqué que, au-delà de leur volonté inflexible d’être les meilleurs, la grandeur de ces compétiteurs de haut niveau tient à leur conscience claire des principes qui les guident. Grâce à cette clarté, ils sont davantage enclins à aller plus loin, à apprendre davantage et à accepter l’inconfort. Ils savent faire abstraction des rumeurs et des jugements des fans et des médias, et ils obéissent à leur propre boussole, réglée à leur mesure.
Vivre selon ses principes
Une fois que notre devise est mise au point, nous devons nous engager à vivre selon ses principes. Nous pouvons commencer par notre vie privée en exprimant nos sentiments à nos proches, en dansant lors d’un mariage et en prenant des risques. Il est important d’être différent, mais courtois, et d’être soi-même. Ensuite, nous pouvons tester notre devise au travail en faisant des présentations, en demandant des promotions et en réalisant des choses qui susciteront le jugement des autres. Si nous ressentons l’emprise de la FOPO, nous devons simplement la reconnaître, puis nous accrocher à notre devise et à l’objectif que nous poursuivons.
En progressant, nous pouvons solliciter les appréciations d’une poignée de personnes qui comptent pour nous. Le feedback sincère est un élément crucial de la réussite. La liste de ces personnes doit tenir sur une fiche de cinq centimètres sur cinq. Il est également important que ces personnes aient une bonne idée de qui nous sommes et de ce que nous cherchons à devenir. Nous devons tenir leur avis en haute estime, car la rumeur de la foule s’éteindra. Nous devons apprécier leurs commentaires à l’aune de notre expérience.
Surtout, nous devons nous rappeler que nous apprenons et grandissons lorsque nous agissons aux limites de nos capacités. Vivre selon notre devise personnelle demande plus d’efforts et d’énergie, mais le résultat, qui est l’expression sincère et esthétique de notre identité, donnera plus de sens et d’intensité à notre vie et à notre travail.