D’après Martin Luther King, « nous avons une responsabilité morale à désobéir aux lois injustes. Une loi injuste n’est pas une loi du tout ». Cette notion de désobéissance peut s’apprendre à l’école. Cela représente un véritable challenge dans le sens où l’école représente le lieu où l’on apprend à identifier les rouages de notre société pour s’y conformer.
Et pourtant, est-ce que la désobéissance peut devenir un acte pédagogique ?
La désobéissance civile à l’école ?
La désobéissance est souvent abordée par le biais de figures historiques qui ont œuvré pour l’acquisition de nouveaux droits.
C’est une option que l’école peut envisager dans le cursus scolaire, car elle est à la portée de tous.
Il est toujours possible, dans une certaine mesure bien entendu, d’agir contre le pouvoir de façon non violente. C’est un autre outil pour faire entendre sa voix en tant que citoyen.
Des figures historiques comme Rosa Parks, Martin Luther King ou encore Gandhi sont des exemples éclairants de ce que peut être la désobéissance
De même, certains professeurs de français empruntent volontairement quelques lignes du Discours sur la servitude volontaire rédigé par La Boétie ou utilisent la figure d’Antigone au théâtre.
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Aujourd’hui, évoquer la notion de désobéissance à l’école est une porte ouverte vers une libération de ce qu’elle était dans le passé afin de l’envisager comme un tremplin vers une réflexion pour une société plus solidaire, une société plus juste.
Mettre la désobéissance en valeur
Faire montre de désobéissance, c’est mener une action non violente qui répond à une situation considérée comme un injuste ou illégitime.
On va alors chercher à désobéir de manière consciente, délibérée, assumée et organisée.
Des droits comme les congés payés, le droit de vote des femmes, la semaine de 5 jours ou encore la fin des lois ségrégationnistes sont autant d’exemples qui nous montrent à quel point la désobéissance peut forger de nouveaux droits plus justes pour tous.
Quand on évoque la désobéissance avec les jeunes, les actions proposées sont généralement individuelles : il faut consommer autrement, il est possible de changer de mode de vie, etc.
Mais la désobéissance est avant tout une idée collective, non personnelle.
En parler avec les enfants et les adolescents, c’est penser une action constructive en termes de citoyenneté au lieu de consommation. C’est penser en termes de société au lieu de l’individu.
Et à l’âge où l’enfant et l’adolescent se construisent, élargir le propos à la société et au collectif leur ouvre d’autres perspectives. Ils prennent conscience, petit à petit, qu’ils font partie d’un tout et qu’ensemble, il est possible de réaliser de grandes choses.
Voilà une base pédagogique très intéressante.
Exemple de désobéissance en cours
Parler de désobéissance à l’école, en faire un acte pédagogique, ce n’est pas présenter cela comme LA au changement social. Mais c’est, au contraire, rendre la place qu’elle mérite au même titre que d’autres actions.
La désobéissance peut être un outil puissant, mais son utilisation requiert une certaine réflexion et un apprentissage.
Elle implique de questionner les élèves sur leurs valeurs.
Les exemples sont multiples en situation scolaire.
Ainsi, la direction peut décider de doubler le prix d’un manuel scolaire.
Un groupe d’élèves peut se rendre auprès de la direction pour demander l’annulation de cette augmentation en utilisant les espaces de discussions prévus au sein de l’établissement.
Pourquoi ne pas photocopier les manuels ou les revendre à plus petits prix ?
Une autre action peut être de refuser l’achat de manuels scolaires obligatoires, mais les risques de punition, de retenues et les possibles renvois sont plus sévères dans ce cas-ci.
La désobéissance apparaît souvent comme difficile, risquée, mais elle peut être aussi efficace. Elle peut, a minima, amener à un nouveau dialogue où l’o chercherait à trouver un compromis.
Dans l’exemple de la résistance face à la hausse du prix du livre, l’acceptation du risque (de sanction) émet un message de détermination auprès de la direction.
Apprendre la désobéissance aux élèves, c’est aussi pouvoir mettre dans leurs mains un outil de changement pour affronter un pouvoir. Tous ensemble, ils peuvent avoir une capacité à « renverser » certaines choses.
Apprendre à désobéir
Parle de la désobéissance à l’école, au collège ou au lycée amène à ouvrir le débat sur des questions de morale, d’éthique ou encore d’intérêt général.
La désobéissance sous-entend que l’on obéit à des lois qui ne sont pas enfreintes.
Cela demande donc aux élèves une compréhension du cadre législatif dans lequel la loi se réalise.
L’écolier, le collégien ou le lycéen doit donc apprendre à organiser une démarche collective, à fixer des objectifs réalisables et accessibles et à mener une sorte de compagne pour les atteindre.
En partant de leur vécu, de leur compréhension de la société et de leur vision du monde, l’école permet aux enfants de s’approprier l’histoire qui n’a pas été uniquement façonnée par des grands hommes, mais un par des femmes, des jeunes et des hommes qui leur ressemblent.
Enseigner la désobéissance comme valeur pédagogique, c’est montrer qu’il existe des leviers d’actions, quel que soit notre âge, quelle que soit notre culture, quelle que soit notre éducation. Et c’est surtout leur montrer que chacun peut se penser comme acteur ou actrice de la société dans laquelle ils vont grandir.
Quelques sources :