Le monde du management en entreprise connaît des bouleversements en profondeur depuis quelques années. Et s’il existait un mode de management où chacun pouvait prendre part aux décisions, y compris les employés ? C’est le concept de l’entreprise libérée où les salariés s’autodirigent.
Qu’en est-il vraiment ? Comment cela fonctionne-t-il ? Comment mettre en place un tel management ?
Qu’est-ce qu’une entreprise libérée ?
Mise en théorie par Isaac Getz, un professeur de l’école de commerce ESCP Business School (anciennement École supérieure de commerce de Paris) et par un journaliste économique américain, Brian M. Carney, l’entreprise libérée est un mode de management novateur. Décrite comme une philosophie qui a pour but de transformer en profondeur l’organisation de l’entreprise, cette notion a pour vocation de libérer les salariés, mais aussi leurs initiatives, leur esprit de créativité, leur potentiel afin de booster les performances et la productivité e entreprise.
L’idée majeure est la suivante : toutes les décisions sont prises par l’ensemble des collaborateurs, dirigeants et collaborateurs. Ces décisions sont alors légitimées par le fait qu’elles s’ancrent dans la réalité du terrain. En effet, qui mieux que les salariés et ceux qui sont sur le terrain tous les jours pour prendre les meilleures décisions ?
Quel avenir pour le manager ?
Dans le cadre d’une entreprise libérée, l’organisation du travail est chamboulée puis que celle-ci n’est plus verticale, mais horizontale. Le système classique n’est plus. Et le manager perd peu à peu son rôle « tout-puissant » puisqu’il n’est plus là pour dicter à ses employés comment ils doivent travailler.
Cependant, même s’il semble inutile à première vue, le rôle du manager peut être conservé comme gardien de l’entreprise libérée. Ainsi, dans ce genre de management, les différents égos des collaborateurs et dirigeants peuvent mettre éventuellement en péril ce nouveau mode de management. Par conséquent, l’objectif du manager est le suivant : préserver le modèle contre les atteintes personnelles et égocentriques (perte de dialogue, prise de pouvoir, etc.).
C’est aussi l’occasion pour ce manager « nouvelle génération » de faire naître et de nourrir la motivation des uns et des autres, car ces derniers ne sont plus soumis à un contrôle managérial. Le manager devient la pierre angulaire de ce nouveau système de management, il en devient le guide, celui qui préserve l’intégrité du concept d’entreprise libérée, au détriment de la perte de ses tâches de contrôle des employés.
Avantages et inconvénients de l’entreprise libérée
Les avantages
L’entreprise libérée remodèle l’organisation du travail.
Avec cette nouvelle approche, les horaires de travail strict sont révolus, ainsi que les congés imposés ou encore les objectifs dictés par le manager. Dans ce concept, chacun décide de son rythme de travail, mais également du nombre de congés payés et de ses dates de congés. Dans certaines structures, les collaborateurs autonomes peuvent même décider de leur salaire.
L’autre atout non négligeable de l’entreprise libérée est la réduction du nombre de strates hiérarchiques.
Puisque les fonctions managériales sont repensées, elles ne sont pas pour autant supprimées. Le rôle du manager va être de motiver ses équipes et les pousser à prendre des initiatives tout en leur laissant une certaine liberté de mise en place. Le manager joue, ici, le rôle de filtre protecteur pour que chacun accomplisse sa mission dans les meilleures conditions. Pour les salariés, c’est une opportunité de se voir responsabilisés, car ils sont libres et responsables d’effectuer les actions et les tâches qu’ils estiment en corrélation avec les performances de l’entreprise.
Dans ce mode de management, tout le monde possède le même degré de renseignement et chaque décision est prise en connaissance de cause.
Les inconvénients
Bien entendu, un tel changement dans l’exercice du management en entreprise implique un changement des mentalités de l’ensemble des collaborateurs, dirigeants compris.
Comme ce système de management n’est plus vertical (ou pyramidal), mais horizontal, ce n’est plus une seule personne ou un petit groupe qui contrôle les équipes, mais bel et bien tout le monde à armes égales. Ceux qui se sentent réfractaires à un tel bouleversement prennent le risque d’être remerciés tout simplement.
Du côté des salariés, il est impératif de désapprendre et d’opérer un changement d’attitude. Alors que le chef d’entreprise ou le dirigeant devra mettre son ego de côté.
L’autre point négatif de l’idée d’entreprise libérée est la surcharge de travail pour un salaire quasiment identique. Concrètement, prendre une décision se fait sur le temps de travail. Et il importe de trouver un compromis et un équilibre juste entre investissement de soi et rémunération pour le concept de l’entreprise libérée fonctionne.
Quels sont les critères pour mettre en place le management de l’entreprise libérée ?
Toutes les entreprises libérées possèdent plusieurs points en commun. Les connaître, les identifier et pouvoir les intégrer dans son nouveau mode de fonctionnement aide à mieux comprendre la réussite de sa mise en place.
L’entreprise doit allier travail et productivité
On sait aujourd’hui que la souffrance au travail représente un coût de 3,8 % du PIB, soit environ entre 3 et 3,5 millions de journées de travail perdues. L’entreprise libérée doit véhiculer l’idée que l’engagement et l’autonomie peuvent fonctionner de manière efficace dans un environnement en perpétuelle évolution. Aujourd’hui, le bien-être en entreprise n’est plus une simple notion bien-pensante, mais un réel facteur de pérennité de l’entreprise.
L’entreprise doit avoir une vision portée un leader charismatique et humble
Il est essentiel que le dirigeant de l’entreprise soit ce leader charismatique qui montre l’exemple tout en restant humble. Incarner une vision et la partager, permet à chacun de savoir pour qui il travaille et surtout pourquoi il travaille. Cela renforce le sentiment d’appartenance, ressenti qui booste l’engagement et la motivation des collaborateurs et accroît, in fine, la performance de chacun.
L’entreprise doit avoir des valeurs partagées
Afin de maintenir la cohésion au sein des équipes de travail, il ne suffit plus d’afficher des valeurs, mais de les appliquer au quotidien. L’entreprise libérée cherche à poser le partage des valeurs en actes concrets comme condition d’existence. Le temps où les salariés étaient malheureux en entreprise est peut-être révolu avec l’émergence de l’entreprise libérée, car ils ne sont plus écrasés par une pression hiérarchique. Et si le monde de l’entreprise se tournait prochainement vers un système pétri de liberté et de confiance ?
Quelques sources :