Le coaching d’Altérité est une action d’accompagnement qui implique le coach dans une analyse de sa pratique, une évaluation de sa conduite du processus.
Et cela passe par une position « Méta » en s’interrogeant sur ses actions ou non actions tout au long du cycle de coaching. Faire preuve de réflexivité est une des qualités majeures du coach. Cela est une attitude aidante pour le client en séance mais aussi pour le coach dans son perfectionnement. Cette posture participe à une meilleure clairvoyance sur la situation mais aussi sur soi-même. Sortir de sa représentation statique pour adopter et comprendre une autre représentation possible, c’est faire preuve d’altérité.
Comme le définit Sandrine Rui « la réflexivité est un processus transformateur des représentations, des pratiques sociales, des savoirs. Elle englobe plusieurs niveaux d’analyse : celui du sujet, des groupes sociaux, des organisations, des institutions. La réflexivité est plutôt une disposition personnelle, sociale, politique, épistémologique, méthodologique et pédagogique ». La réflexivité est la capacité à trouver du sens individuel et collectif à travers le processus de questionnement. C’est à dire ce qui nous semble juste, vrai et sincère de ce qui est dit, de ce qu’on se dit, de ce qu’une situation nous dit.
L’altérité est la reconnaissance et l’acceptation
de l’Autre dans sa différence
L’altérité est un lien dialectique et de rapport horizontal. C’est un désir et une pratique profonde d’unité et de tolérance pour son semblable. C’est là toute sa différence d’avec la mystique qui opère et entretient un lien univoque et vertical entre l’Homme et Dieu. Elle demeure une valeur qui magnifie, garantit et défend la différence. Elle place chaque humain au même niveau.
Concept développé par Emmanuel Lévinas, l’altérité est donc la capacité à sortir d’une représentation d’un contexte donné vers une autre représentation plus en accord avec qui on est.
Dans un environnement social, chaque individu peut être en inter relation avec les autres sans perdre son identité propre ; car la relation d’altérité, permet de garder sa représentation propre du contexte et son identité tout en ayant la capacité d’adopter celle de l’autre. Dans le coaching, cela favorise la rencontre avec l’autre en reconnaissant cette unicité, son identité intégrée. Le coach devient une sorte de miroir qui catalyse la transformation de son client, au service de son objectif, de sa demande. Un miroir honnête et le moins déformant possible. Les représentations sont donc au cœur du processus de l’altérité dans la mesure où elles constituent le médium par lequel le coach va pouvoir « catégoriser une expérience nouvelle, ramener l’inconnu dans des cadres interprétatifs préétablis ». « Il s’agit donc d’une part, d’être conscient de qui l’on est dans le contexte spécifique et d’autre part de considérer l’autre différent de soi qui se présente comme mon alter ego ». « La limite entre la subjectivité et l’objectivité de ce que l’on vit. Être donc en capacité de voir dans l’autre (ou le système) ce qui nous appartient (subjectif) et ce qui appartient à l’autre qui est toutefois un autre moi (objectif) ». Découvrir la part de nous qui existe chez l’autre. Soi-même comme un autre.
Cependant selon Paul Ricœur, l’homme est à la fois un sujet parlant, agissant, mais aussi un sujet narrateur et un personnage de son propre récit de vie, ainsi qu’un sujet responsable de lui-même. L’altérité est un lien qui se manifeste à travers trois types de relation :
Le lien de la relation entre soi et le monde
Le lien de la relation subjective par laquelle l’autre nous renvoie la compréhension de soi
Le lien de la relation de soi à soi (la conscience de soi)
Le coaching d’altérité est un coaching qui ouvre le client à une focalisation vers une identité qui lui convient dans un contexte donné. Ainsi, pour le coach, permet au coaché d’ouvrir son identité à d’autres formes de représentation et donc un changement de comportements associés afin de retrouver le sens dominant de ses actions, ses talents et ses désirs. Il se forme une relation singulière dans laquelle deux consciences se font écho. Avec l’altérité, le sujet tue en lui tout narcissisme et tout suprématie afin d’intégrer et d’accepter l’existence de l’Autre qui devient pluriel.
Le coach est donc responsable du processus d’accompagnement par sa position « Méta » mais en aucun cas responsable de ce que le client trouvera.
Sources :
- Jodelet (D), Formes et figure de l’altérité.
- Barry (B), L’expression de l’altérité dans les littératures africaines et caribéennes contemporaines, 2016.
- Rui (S), Réflexivité Les 100 mots de la sociologie, Ed. PUF, coll. « Que Sais-Je ? », p. 21-22.
- Jaillon (D), Pour un praticien réflexif et congruent, in coaching professionnel : quelles spécificités tome 2, Le manuscrit recherche-Université, 2008, p. 12.
- Levinas (E), Altérité et Trancendance, coll. “ Essais ”, 1995.
- Castellotti (V), D’une langue à d’autres : pratiques et représentations, Ed. PUR, 2001, p. 24
- Mary (A), Muriel Briançon, L’Altérité enseignante. D’un penser sur l’autre à l’Autre de la pensée, [En ligne], Les comptes rendus, 2013.
- Ricoeur (P), L’identité narrative, Ed. Esprit, 1988, p. 295